Celle qui devait partager son chez soi
Depuis plusieurs mois, j'étais à la recherche d'un appartement, ça vous le savez. Mais l'histoire a vraiment commencé il y a près d'un an quand j'ai commencé mes petites recherches de F1. J'habitais alors le XVè à côté du Jardin André Citroën et j'avais forcément quelques exigences quant au futur appart que j'allais occuper.
Prenez moi pour ce que vous voulez mais après avoir habité un 90 m2 dans le sud de Paris, ça peut paraître difficile de se mettre dans le crâne de se retrouver dans un F demi Porte de Saint Ouen. Je ne suis pas du tout fille à papa ou issue de la noblesse parisienne mais j'ai eu cette chance d'avior un confort de vie indéniable depuis ma petite enfance.
Et c'est donc là que j'a commencé à faire mes recherches. Et j'ai très vite déchanté. Je me voyais déjà dans un joli studio dans un immeuble haussmanien du sud de Paris, avec de belles pouttres, un belle fausse cheminée, des moulures au plafond, un parquet en pin qui grince mais pas trop etc... Et puis je me suis dit que le nord de Paris n'était pas si mal et j'ai donc changé mes critères de recherches. Il y a peu de différence à vrai dire.
Puis vint l'idée: et si je n'habitais pas toute seule? Parce que la vie en communauté j'ai donné. Quand je suis arrivée aux Etats-Unis, j'étais dans un appart de six (3 chambres, 3 salles de bains, une cuisine US, un salon/salle à manger, une buanderie, un balcon). Je partageais donc l'appart avec cinq inconnues venues de cinq pays différents. J'appréhendais la colocation mais j'ai très vite agréablement surprise combien les choses étaient simples. Certes on ne se voyait pas très souvent à cause de nos horaires de travail décalés. Avec ma rommate italienne, Paola, on a relooké tout l'appart et c'est nous qui chapotions tout. De vraies chefetaines scout girls qui installent des règles. Dans l'ensemble, on avait réussi à instaurer un bon climat dans l'appartement. Mais il y a toujours des incompréhensions et des prises de becs ou de chignons:
- "Tu vas baisser la clim', oui, on se les gèle"
- "chu bourrée, j'ai chaud, laisse la clim ou j'te pète les dents" (ça c'était la Norvégienne qui nous faisait son comas éthylique hebdomadaire)
- "'tain mais qui laisse traîner sa vaisselle sale? Nadiiiiiiiiiiiaaaaaaaaaaa (l'Allemande), t'as vu dans quel état est l'évier, c'est un vrai chantier"
- "fff, j'ai pas envie, j'le f'rai plus tard..."
- "chu fatiguée, j'ai mal dormi, ya deux boeufs dans la chambre à côté qui ont fait du boucan (...) Mais c'est à qui ces baskets Reebok qui font du 45 fillette??? C'est lui qui hurlait comme un putois cette nuit?"
- "ouais, c'est un pote italien qui voulait voir la nouvelle déco de ma chambre et puis de fil en aiguille..."
- "aaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh malheeeuuuuurrrrrrr, qui c'est qui a fait déteindre mon string Aubade à $60000??? j'vais la tuer"
- "ouais, désolée, j'ai pas fait gaffe, j'ai mis tout le linge sans séparer le blanc des couleurs"
Avant d'ouvrir la potre d'entrée, pensée toute basse "dur dur au boulot, ça va faire du bien de se reposer à la maison". A mesure que je montais les escalier j'entendais la techno à fond, les bouteilles de bière cogner les unes contre les autres, et je distinguais non seulement des tas de miettes de chips sur la moquette que j'avais aspirée la veille mais june trentaine de post ados à moitié défoncés qui meuglaient "I wanna fuck some fucking chicks!!"
- ...
Le souvenir de tous ces instants de bonheur m'a mis la puce à l'oreille. Mon père qui me voyait plus jeune en extase devant les épisodes de Friends me disait "tu voudrais pas tenter la coloc à Paris?", "ouais non" était la seule réponse que je trouvais.
Je devais me rendre à l'évidence que vivre à deux dans un grand appart était bien mieux que vivre seule dans une cage à lapins & lapines.
J'ai donc parlé avec celui allait devenir mon coloc et les choses ont vite été réglées, on allait vivre ensemble, pour le meilleur, (un peu le pire), mais surtout pour le rire.
On sait déjà qui portera les packs d'eau de Carrouf à la maison (lui), qui fera la vaisselle (le lave vaisselle), la rangera (lui), le ménage/aspi/repassage (moi)...
Je vais partager mon appart avec un mec. J'ai hâte !!