Le "Radio Man"
L'autre jour je me balladais à Boulogne en imaginant ce qu'allait être ma nouvelle vie dans cette ville où je suis née. Tout à l'heure, je courrais dans la pluie pour me mettre à l'abris. Si je rapproche ces deux moments, ça me rappelle un garçon, enfin un homme plutôt, "Le Radio Man".
Le hasard à bien fait les choses un soir du mois de février 2001
alors que j'étais encore étudiante. C'étaient les vacances et ma
cousine était venue me voir à Paris. Elle voulait être journaliste
alors je lui ai proposé d'assister à plusieurs émissions de télé. Ce
qui fût dit fût fait. "Et la radio?" me dit-elle. Autant que je connais 2-3 personnes dans le monde de le télé qu'à la radio, non.
Je
tente alors le tout pour le tout et j'appelle alors le n° de la libre
antenne de l'époque. J'explique vite fait mon cas et après un
raccrochage au nez (pas fait exprès), l'animateur et son assistant
réalisateur me disent "venez nous voir à la fin de l'émission si vous voulez".
Trente
minutes plus tard, nous voilà en train de papoter avec l'équipe et je
me sentais complètement ridicule car je ne savais pas quoi dire.
Pendant la conversation, un jeune homme 25-30 ans passe, nous dit son
prénom - "Radio Man" - et la rencontre s'achève 1h plus tard.
Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête quand j'ai trouvé le
mail de "Radio Man" et que je l'ai remercié pour les quelques instants
passés ensemble la veille. Je suis agréablement surprise de recevoir
une réponse très sympathique. S'ensuivent quelques échanges de mails.
Les semaines passent, les mois passent, et ce "Radio Man", pour une
raison que je ne m'explique pas trotte dans ma tête.
Je l'avais vu
en tout et pour tout 5 minutes mais quelque chose m'attirait. C'est
comme un aimant que l'on dirige vers une surface métallique et qui se
sent poussé vers celui-ci contre vents et marées.
Près d'un an passe, mais les quelques mails échangés me laissent un
goût d'inachevé et je souhaite le revoir. Mais avec son "emploi du
temps de ministre", c'est chaud. Et un après-midi de février 2002, on
prévoit de se voir. J'avais en mémoire l'image d'un homme de taille
"normale" brun aux yeux marron, alors quand mon regard croise le sien,
je me dis "soit tu dois changer tes lunettes, soit tu perds la mémoire", car il est à l'opposé du souvenir que j'en avais.
Peu
m'importait. On passé quelques heures à parler, lui surtout, de son
boulot et de ses autres activités. Je devais paraître fascinée par le
milieu qu'il fréquentait (alors que pas vraiment). J'étais heureuse
d'être assise à côté de lui et je me sentais bien. Il me demandait si
ça ne me gênait pas qu'il fume un joint, et moi (qui exècre l'odeur de
tabac ou d'herbes de provence cuites au BBQ), je lui rétorque avec le
sourire "nan nan, pas de problème".
On est sorti sous une
pluie battante à la pharmacie (vous vous demandez si c'est pour acheter
des préservatifs? et bé non, des béquilles!!) et là aussi j'étais bien.
On s'est quitté, moi dans l'espoir de remettre ça, lui...(to be completed). Et c'est là qu'est reparti cet échange de mails, de SMS (merci les forfaits étudiants avec textos illimtés) et cette pensée "rêve pas ma pauvre". Je ne voulais pas qu'il se passe quoi que ce soit mais d'un autre côté j'avais toujours ce petit truc inexplicable qui me poussait vers lui.
On s'est revu, et moi, toujours avec ce même plaisir éprouvé la première fois.
Et rebellote mails et SMS. Quand je l'écoutais, je lui envoyais des textos pour lui dire de prononcer le nom du chanteur "avec l'accent italien". Je devais paraître super conne, mais sur le moment je ne m'en rendais pas compte. Quand mon téléphone bippait alors que je m'endormais, je sursautais, appuyais sur la touche lire de mon portable, et faisais un petit sourire de satisfaction à lecture du message auquel je répondais, auquel lui répondait etc...
Cinq ans plus tard, je vois "Radio Man" très rarement mais on continue à s'envoyer des mails. Ce petit truc qui me poussait vers "le côté obscur de la Force" a disparu mais je garde en mémoire les quelques instants passés ensemble.
PS: toi, si tu te reconnais, tu connais - enfin - le fond de mes pensées de l'époque :)